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La cargneule

Cargneules et tufs

Le terme de cornieule, déformé par les géologues français en cargneule, provient du patois de la région d’Aigle, dans le Valais Suisse où ces roches affleurent largement.
Dans les Alpes françaises, les montagnards parlent de tufs, en patois tova, d’où par exemple, « tovières » ou « touvières » du Mont-Cenis… qui ne sont pas des amas de tuf mais des cargneules ! En réalité le mot tuf désigne une autre roche calcaire d’aspect un peu semblable au premier abord, caverneux également et de même couleur, mais dont l’origine est différente: les tufs ont été déposés à la sortie de grottes ou de fissures, en pays calcaire, par les sources et fontaines dites « pétrifiantes ».
Les cavités y représentent le moulage des nombreux débris végétaux (tiges, rameaux, empreintes de feuilles, dessins des nervures…) enrobés dans les dépôts calcaires qui sont du carbonate de chaux en excès.
Les tufs sont d’ailleurs souvent voisins des cargneules (comme des gypses), car les eaux souterraines ayant circulé dans ces roches donnent fréquemment des roches très calcaires, et les sulfates favorisent le phénomène de précipitation des carbonates.

Tuf et cargneule

Nature et origine des cargneules

Sous le terme de cargneule, les géologues alpins désignent plusieurs roches, de nature et d’origine différentes.
En simplifiant à l’extrême rappelons en ici les deux types principaux.
Il peut s’agir de roches jaune ocre, d’allure d’ensemble massive mais perforées en surface d’une multitude de cavités et de trous de formes irrégulières qui leur donnent une apparence spongieuse: ce sont des calcaires dolomitiques devenus caverneux (en surface seulement, à la différence des tufs…) par suite de la dissolution du ciment calcaire par des eaux chargées de sulfates (sulfates qui proviennent de leur contact avec des gypses).
Dans ces cas là, les cargneules résultent donc d’une transformation sur place de roches préexistantes.
Les cargneules de haute Maurienne se présentent assez fréquemment comme des « brèches », c’est-à-dire des conglomérats formés d’éléments anguleux de nature variée (dolomites, calcaires, marbres…) soudés entre eux par un ciment de carbonate de calcium jaunâtre.
Parfois elles deviennent caverneuses, aux cavités cloisonnées ou limitées par des surfaces planes, géométriques.
Certaines peuvent prendre un aspect vraiment terreux, très friable.
Fréquemment associé sur le terrain à des gypses ce type de cargneule se présente en grands amas discontinus le long de contacts tectoniques majeurs (failles, plans de chevauchement): ici, elles sont situées par exemple à la base du bloc calcaire de la Dent Parrachée, qui est un morceau de la « Nappe de la Grande Motte » charriée sur le permo houiller métamorphique de la Vanoise.
Elles se rattachent a l’ensemble de la « Nappe des gypses » de la Vanoise qui a joué le rôle de plan de décollement et de glissement pour les roches charriées par dessus.
Leur origine, probablement très complexe et particulière pour chaque type, est très discutée.
Retenons l’une des principales hypothèses récentes.
Les matériaux de départ seraient des gypses et des dolomies
Au cours de la mise en place des montagnes, a la base des nappes de charriage, des bancs de dolomies auraient été fragmentés par l’action des eaux qui, sous les fortes pressions engendrées par le poids des roches, se seraient insinuées dans tous les joints de la dolomie, la faisant ainsi éclater jusqu’à sa transformation complète en brèches.
La présence d’une importante quantité d’eau s’expliquerait par la porosité naturelle des dolomies, les eaux pouvant provenir de la surface. et surtout résulter de la déshydratation, sous l’effet des énormes pressions des gypses primitivement associés aux dolomies du Trias (ce qui aurait donné naissance à l’anhydrite, gypse déshydraté).
Cette « bouillie » de fragments dolomitiques aurait servi de semelle glissante à la base des nappes de charriage.
Elle a pu migrer le long des discontinuités tectoniques ou s’injecter dans les fissures, arrachant et emballant des morceaux d’autres roches.
L’eau imprégnant cette bouillie, en arrivant à l’air libre, dépose les sels, dont elle est chargée, en particulier le carbonate de calcium qui soude entre eux les fragments, déterminant la trame calcaire plus ou moins géométrique des cargneules .

Un modèle spectaculaire

De par leur origine, les cargneules se présentent donc comme des roches très hétérogènes, de résistance très inégale d’un secteur à l’autre.
Elle sont exposées depuis longtemps aux forces naturelles de l’érosion (eaux torrentielles, glaciers…).
Des noyaux plus durs, plus compacts ont résisté et ont été débarrassés de leur emballage friable (parties terreures ou gypseuses plus tendres).
Les amas fragiles ont été évidés en innombrables grottes…
Les effets du gel, les éboulements (ex., paroi Est du Monolithe) ont apporté aussi leur contribution à la sculpture de ces fines aiguilles ou rochers ruiniformes.

Formation de rochers monolithiques dans les cargneules
1, Parties ayant résisté à l’érosion
2, Parties plus friables déblayées par l’érosion

Ou trouver de la cargneule

La pierre percée de La Motte d’Aveillans
Cette échine est presque entièrement formée par les schistes et grès du Houiller, sauf à sa partie sud (abords de Puteville) où affleure leur soubassement de micaschistes.
Elle est couronnée par un chapeau de moins de 100 m de côté (une butte-témoin*) de dolomies cargneulisées du Trias, supportant un peu de calcaires de Laffrey (faciès à encrines du Lias réduit).
Les cargneules y sont découpées en une arche naturelle qui fut classée comme l’une des « Sept merveilles du Dauphiné » par la tradition dauphinoise.

Un affleurement de cargneule est visible à Oris en Ratier au niveau de la galerie supérieure de la mine de charbon en marchant le long su chemin pour aller à l’ancienne descenderie.

Oris en Ratier au niveau de la galerie supérieure de la mine de charbon en marchant le long du chemin pour aller à l’ancienne descenderie.